Par Audrey Smyth, étudiante au baccalauréat en communication (relations publiques)
Un objectif ambitieux
Cela fait déjà plusieurs mois que je me questionne à savoir comment débuter cet article. Déjà, au trimestre dernier, j’avais des idées plein la tête. Pourtant, voilà que mars est déjà bien entamé, j’ignore toujours comment m’exprimer sur un tel sujet. J’ai l’habitude de rédiger des textes assez longs, et celui-ci ne fera probablement pas exception à la règle. J’ai toutefois jugé pertinent de prendre la parole pour tous ceux et celles qui vivent des difficultés en lien avec la situation actuelle. Aujourd’hui, j’écris pour nous – les oubliés de cette pandémie. Même s’il est vrai qu’étudier à l’université requiert une certaine autonomie, de la rigueur et beaucoup de discipline, il serait faux de croire que ces qualités nous ont protégés contre les différents bouleversements causés par la COVID-19.
Ai-je été trop ambitieuse en me lançant dans l’écriture d’un article au contenu si sensible ?
J’ai l’impression de m’être auto mandatée de résumer l’impossible alors que tellement d’histoires mériteraient d’être racontées. Ceci étant dit, afin de ne pas m’éterniser, j’ai tenté de rester concise dans mes propos. Par ailleurs, de manière à dresser un portrait exhaustif de l’état de la situation, j’ai effectué une recherche documentaire sur le web ainsi qu’une collecte de données qualitatives auprès de plusieurs étudiant.e.s de l’UQAM. Des relations publiques à l’état brut, mesdames et messieurs!
J’ai eu la chance de m’entretenir virtuellement avec plusieurs courageux et courageuses qui ont bien voulu se livrer à moi. Ainsi, nous avons pu discuter des différents obstacles rencontrés depuis le début de l’enseignement à distance. Ces échanges ont été des plus enrichissants, et j’oserais même avancer qu’ils ont été parmi les apprentissages les plus pertinents que j’ai pu réaliser cette année. Je vous remercie du fond du cœur pour votre collaboration, sans vous, ces lignes n’auraient probablement jamais vu le jour.
Des faits saillants et inquiétants
Les statistiques parlent d’elles-mêmes : la première phase d’une étude menée par l’UQAC en avril 2020 a démontré que « 42 % des étudiant.e.s affirment souffrir de dépression ou d’anxiété » en raison de la pandémie[1].
Les données sont inquiétantes, certes, mais les témoignages que j’ai recueillis le sont tout autant. Toutes les personnes avec qui j’ai pu m’entretenir sur le sujet m’ont avoué vivre une certaine forme de détresse psychologique, notamment causée par la perte de libertés et de privilèges occasionnée par les mesures sanitaires en vigueur. Ces loisirs, qui nous étaient autrefois coutume, sont devenus inaccessibles pour la plupart d’entre nous. Disons qu’une grande leçon de gratitude s’impose : nous ne tiendrons plus jamais nos activités et nos sorties pour acquises.
D’autres étudiant.e.s m’ont fait part de la lourdeur générée par le manque d’interactions sociales liées à la vie étudiante. De plus, un sondage effectué au sein de la communauté uqamienne en avril dernier a démontré que « les revenus de 70 % des étudiant.e.s sont affectés par la pandémie[2] ». J’ai pu confirmer cette statistique auprès des différent.e.s répondant.e.s de ma recherche. La perte d’un emploi ou d’un revenu stable a engendré, chez beaucoup d’étudiant.e.s, des contraintes financières assez importantes, pouvant même remettre en cause leur inscription à des cours, ou encore le paiement d’un loyer. Un amalgame de plusieurs de ces facteurs peut donc, indéniablement, remettre en cause l’équilibre de vie des universitaires.
Des réalités individuelles et bien différentes
Dans un quotidien où les rencontres Zoom sont devenues la routine – et où les connexions internet nous font faux bond en plein milieu d’une séance –, certain.e.s sont préoccupé.e.s à l’idée de ne pas savoir quand ils.elles pourront côtoyer leurs camarades de classe et leurs enseignant.e.s à nouveau. Aussi, nombre d’universitaires s’inquiètent de voir leurs résultats académiques dégringoler au même rythme que leur motivation.
Mais qu’est-ce qui peut bien affecter la motivation des étudiant.e.s à ce point ? Pourquoi est-ce que cette situation est plus difficile à vivre pour certain.e.s d’entre eux ? Pour ma part, j’ai récemment emménagé dans un nouvel appartement. Plus précisément, il s’agit d’un minuscule 2½. Ici, je n’ai pas de bureau où m’attabler pour étudier. Au moment même où je rédige ces lignes, je suis installée à mon poste de travail habituel : mon lit. Il ne s’agit définitivement pas d’un environnement propice à la concentration ou à la productivité. Encore, je me considère presque chanceuse de vivre seule en ces temps incertains. Pourriez-vous vous imaginer vivre dans une colocation de cinq où tout le monde est également contraint au télétravail ?
Qui a raison ?
De plus, quelques participant.e.s m’ont exprimé être très reconnaissant.e.s, voire même admiratifs et admiratives à l’égard des enseignant.e.s qui ont su se montrer conciliant.e.s et qui se sont adapté.e.s rapidement à la situation. À l’inverse, d’autres camarades m’ont tristement rapporté l’impression que leurs enseignant.e.s ont tout simplement jeté l’éponge une fois ce nouveau trimestre amorcé. Une étudiante a même remarqué « une augmentation de la charge de travail et de la difficulté des évaluations, une diminution des temps d’examens et l’enrayage de la possibilité de retourner en arrière dans les examens en ligne ». Selon elle, « ce ne sont pas des méthodes propices à l’apprentissage, mais une source de stress constante pour l’ensemble de la communauté étudiante ». Ce type de commentaire est apparu de manière assez récurrente lors d’entretiens individuels. Les perceptions demeurent particulièrement subjectives et personnelles quant à cet enjeu. Quoi qu’il en soit, ces propos aux antipodes les uns des autres démontrent qu’il existe un manque flagrant de communication et de compréhension entre les corps enseignants et étudiants au sein des universités.
S’accrocher
J’ai demandé à tous et à toutes les étudiant.e.s qui ont participé à ma recherche quels étaient leurs objectifs pour cette seconde session à distance. C’est sans la moindre hésitation que tous et toutes ont manifesté le désir d’obtenir des résultats à la hauteur de leurs performances habituelles. Cette affirmation témoigne d’une irrévocable volonté de réussir. Plusieurs étudiant.e.s, et moi-même d’ailleurs, en sommes maintenant presque arrivé.e.s à la fin d’un premier cycle universitaire. Entrevoir la fin de ses études, envisager un avenir brillant et appréhender des jours meilleurs : voilà plusieurs sources de motivation qui nous permettent de nous accrocher et de persévérer malgré le contexte actuel.
À bord du même bateau
En résumé, il ne fait aucun doute que cette dernière année a été particulièrement éprouvante pour tous et toutes. Il n’existe qu’un seul mot convenable pour décrire ce que la pandémie nous aura enseigné : la résilience.
Enfin, la situation actuelle n’est évidente pour personne. Je crois sincèrement qu’il faut cesser de chercher des coupables, et qu’il faut surtout abolir cette tendance à pointer du doigt les perceptions, les réalités, les opinions et les décisions de chacun.e lorsque celles-ci diffèrent des nôtres.
Une nouvelle réalité ?
Le 14 mars dernier aura marqué une année complète de pandémie au Québec[3]. Il nous faudra éventuellement apprendre à apprivoiser cette nouvelle « normalité », sachant pourtant très bien que le monde ne sera en rien semblable à celui que nous avons connu autrefois[4]. J’ai toutefois espoir que toutes les leçons qui nous auront été inculquées par la pandémie nous mèneront vers plus d’ouverture, de tolérance et, surtout, plus de compassion. Bien heureusement, la venue du printemps arrive au même moment que les quelques assouplissements récemment annoncés par le gouvernement. Nous pourrons désormais tous et toutes souffler un peu mieux.
J’aimerais terminer cet article sur une note plus positive et vous partager les trucs et les conseils que certain.e.s étudiant.e.s et moi-même avons trouvés utiles pour mieux gérer nos petits univers bouleversés. Je suis convaincue que nous pouvons reprendre le dessus. En chacun de nous résident une capacité et une détermination à atteindre un niveau de bien-être et de bonheur inégalé.
Quelques trucs
ALLUME TA CAMÉRA!
L’idée est de ne pas te laisser être distrait par ton téléphone ou par l’idée de faire autre chose pendant que ton enseignant donne son cours.
Oui, oui! On veut voir les petits canards sur ton pyjama!
PRENDS DE L’AIR
Pourquoi ne pas segmenter tes périodes de cours ou tes séances d’études avec une petite promenade de 15 minutes en écoutant « Ça fait rire les oiseaux, oh, oh, oh »?
APPELLE TES AMIS OU TA FAMILLE
Facetime, Zoom, Teams, téléphone. N’hésite surtout pas, tes proches t’aiment et ils sont là pour toi. Ne garde pas tout en dedans. Ils sont toujours heureux d’avoir de tes nouvelles et de t’apporter du soutien si tu en as besoin.
FAIS DES « TO-DO LISTS »
Aussi futile que cela puisse paraître, il s’agit d’un excellent outil pour augmenter la productivité[5]. Rappelle-toi surtout de ne pas t’en faire si tu n’accomplis pas tout ce que tu avais planifié dans ta journée.
TROUVE-TOI UN NOUVEAU LOISIR
Même si nos activités sont actuellement assez limitées, il est important de te trouver un loisir, un intérêt ou une passion à développer. Tu as un petit 30 minutes de libres par jour? Pourquoi ne pas apprendre à tricoter ou énerver tes voisins avec tes nouvelles compétences acquises au ukulélé ?
ÉVITE DE PASSER TROP DE TEMPS DEVANT LES ÉCRANS
Avec les cours en ligne, les travaux d’équipe en ligne, les examens en ligne, les lectures en ligne, essaie de diminuer ton temps d’écran quotidien. Ton téléphone cellulaire et Netflix peuvent bien patienter. C’est le moment de troquer tes manuels scolaires contre ce livre qui traîne sur ta table de chevet depuis neuf mois.
INSPIRE, EXPIRE
Eh oui! La méditation comporte son lot assez exponentiel de bienfaits pour la santé physique et la santé mentale[6]. Je sais, j’étais septique aussi, mais j’ai téléchargé l’application gratuite : Petit Bambou (ceci n’est pas une publicité). Sincèrement, il s’agit des 10 minutes les mieux investies de ma journée.
CONSERVE (ou développe) UNE BONNE HYGIÈNE DE VIE
Ce n’est pas le moment de te laisser sombrer dans le cercle vicieux de l’inactivité. Bouge ton corps, trois fois par semaine au moins[7], de la manière qui te plaît : yoga, vélo, course, ski de fond, escalade, randonnée, etc. Assure-toi aussi de manger des aliments sains et des repas équilibrés afin d’optimiser ton état de santé mentale[8] !
TIENS UN JOURNAL
Écris ce que tu ressens ou notes-y simplement tes gratitudes quotidiennes (même si ta gratitude aujourd’hui se résume à être le café glacé que tu es allé te chercher au dépanneur du coin pendant ta marche de 15 minutes en fredonnant ta chanson préférée du moment. Tout compte!
ET SURTOUT, SOIS PLUS DOUX.DOUCE ENVERS TOI-MÊME
Respecte tes limites personnelles, écoute tes émotions, accepte que ton 100 % actuel ne représente peut-être pas ton niveau de performance habituel. L’important est de faire de ton mieux et de t’adapter.