Une formation universitaire en relations publiques comme plan B

Par Mari-Pier Favreau-Chalifour, étudiante au baccalauréat en communication (relations publiques)

Tomber sur les relations publiques par hasard

Non, je ne rêvais pas à sept ans de devenir relationniste. J’ai essayé beaucoup de choses avant d’arrêter mon choix sur cette profession encore mal connue. Finalement, après plusieurs tests, schémas, entretiens et séances chez une conseillère d’orientation, il me semble que je suis tombée, presque par hasard, sur une profession qui me paraît faite sur mesure. Le métier de relationniste ne fait pas partie de ceux qui viennent en tête lorsqu’on étoffe une liste de possibilités : marketing, publicité, ressources humaines, management viendront définitivement voler la vedette lorsqu’il sera question de faire un choix de carrière qui tourne autour des communications.

Par le passé, j’ai aidé un ami à préparer une allocution qu’il avait à faire pour son entreprise. Ayant au départ une formation de comédienne, j’ai l’œil pour voir ce qui fonctionne sur une scène. J’avais trouvé l’exercice très stimulant, comme il s’agissait de faire passer des messages clés et non de jouer un texte. Je voyais aussi la possibilité d’aller plus en profondeur. Néanmoins, je n’ai pas perçu les relations publiques comme étant une option. En fait, ce genre de profession me paraissait quelque peu inaccessible, comme si l’on se retrouvait à faire ça par la bande, grâce à des connexions privilégiées, après avoir pratiqué une profession connexe pendant des années. D’ailleurs, c’est actuellement le cas pour bien des relationnistes. En ce sens, et c’est la beauté de la chose, il n’y a pas de « profil type » en relations publiques.

Vaincre le syndrome de l’imposteur

Certaines entrevues avec des professionnels – qui ont très bien réussi leur carrière – révèlent qu’ils détestaient le réseautage pour aller chercher de nouveaux clients, ce qui est bien la première chose à laquelle on pense lorsqu’on parle de « RP ». Cet aveu m’a grandement soulagée. Ainsi, n’étant pas la seule dans le domaine à qui cela fait un peu peur, mon syndrome de l’imposteur s’est graduellement fait plus absent. D’ailleurs, je trouve de plus en plus ma place en pensant à mes différentes expériences qui m’ont tranquillement menée à cette profession. Enfin, je découvre un champ d’expertise beaucoup plus complexe, exigeant et stimulant que je ne l’aurais cru.


Dans un autre ordre d’idées, je me permets de partager – après une entière année d’étude vécue derrière un écran d’ordinateur – une courte opinion sur l’importance de la formation et l’identité des relations publiques.

L’importance d’une formation universitaire adaptée

En regard de la formation universitaire, qui se donne depuis le milieu des années 90 dans le milieu francophone en Amérique du Nord, nous pourrions dire que cette profession est relativement nouvelle quant à l’importance qu’on lui accorde au sein des universités. En effet, dans la plupart des cas, on y enseigne d’autres professions qui permettront indirectement d’accéder au domaine comme si être relationniste était un soft skill ou ne demandait que de simples aptitudes techniques. En d’autres mots, la profession au sein des universités ne semble toujours pas être entièrement prise au sérieux. De toute évidence, on ne s’entend pas sur ce qui valide l’expertise de celui qui pratique la profession; du relationniste amateur à celui qui obtient un baccalauréat ou un certificat, les moyens pour se doter du titre sont nombreux. Pourtant, il s’agit d’une expertise aux multiples dimensions complexes. Par conséquent, elle nécessite forcément d’être enseignée à un niveau universitaire. À la lumière de ces propos, les relations publiques manquent-elles de prestige ou simplement d’une identité clairement définie?

Quand on connaît l’importance du rôle des relations publiques en société, il devient contradictoire d’agir comme certains le font au sein de la profession. Les relationnistes ne devraient-ils pas changer leur manière de se percevoir, de voir leur profession ou encore de l’affirmer en vue d’une évolution –voulue depuis longtemps – ne serait-ce que par l’implantation d’un code d’éthique, de la SQPRP, etc. ? Ce renouvellement de perception de la profession permettrait d’échapper à une expertise qualifiée « d’entre-deux ». La multitude de domaines au sein desquels la profession peut s’exercer et les parcours atypiques qui ont précédé ne font pas d’elle une profession « courte-pointe ». À ce sujet, j’utilise le terme « profession » que je préfère à celui de « métier », car je crois qu’il permet de promouvoir les relations publiques sous un angle qui lui sied mieux. Il s’agit d’une fonction qui s’intègre à la haute direction des organismes; elle a une place bien réelle et elle n’est ni accessoire ni technique.

Vers une culture collective plus englobante

Dans cet ordre d’idée, notre société est très « RP » dans la façon dont elle est construite. Nous sommes naturellement portés à travailler notre image, à nous promouvoir, à entretenir des relations. Les réseaux sociaux nous rendent tous soucieux, à différents degrés, d’élaborer et d’entretenir notre marque personnelle. Subséquemment, tout comme l’organisation doit avoir l’intérêt public en tête lorsqu’elle « construit un sens » partagé avec ses parties prenantes en faisant appel au « reflective management », la population devrait faire de même dans la construction de son sens partagé. Il s’agit là de comprendre quels sont ses intérêts en fonction de l’environnement dans laquelle elle évolue. Pour cela, je crois qu’une culture collective de l’intérêt public doit être renforcée et soutenue par des professions qui en sont les véhicules, comme celle de relationniste.

Pour terminer, le pouvoir qu’ont les relations publiques et leur présence étendue dans notre société, dans sa structure même, sont des arguments suffisants, selon moi, pour qu’on s’attarde à la formation qui mène à la profession et qu’on en fasse la promotion. Cela dit, il reste important de continuer à réfléchir à la façon de professionnaliser cette pratique tout en la rendant imputable à un ordre professionnel afin de protéger le public. Je n’écris pas simplement cela parce que j’aurais aimé choisir plus tôt les relations publiques, mais parce que je crois qu’il s’agit d’une profession d’avenir. Si par le passé une culture collective de la sécurité civile, précisément, s’est développée grâce à une communication de risques – soutenue par les relations publiques – a mené le citoyen à adopter une attitude responsable face aux risques, pourquoi ne pas réfléchir à l’importance d’une culture collective plus englobante, soit celle de l’intérêt public, lorsqu’il est question d’information, de dialogue et de démocratie?

Sources :

Danielle Maisonneuve, La communication des risques – un nouveau défi, Québec, Éditions PUQ, 2005.

Danielle Maisonneuve, Les relations publiques, une société en mouvance, Québec, 4e éd., Éditions PUQ, 2010.

Stéphanie Yates, « L’UQAM, pionnière dans l’enseignement des relations publiques », en ligne :

< https://www.erudit.org/en/journals/communiquer/2020-communiquer05245/1068858ar/#no9 >

Lévesque K., Martel, M. Robert-Sauvé M., Versailles G., White P. Le journalisme est-il au bord de l’extinction?, 2021, Table ronde, UQAM.

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