Diplômer en pleine pandémie

Crédit photo : Reuters / Brian Snyder

Par Maxime Duchesne, étudiant au baccalauréat en communication (relations publiques)

Diplômer et étudier en relations publiques pendant une pandémie mondiale vient avec son lot d’inquiétudes par rapport à notre avenir professionnel. En raison de la crise de la COVID-19, les opportunités d’emploi ont radicalement changé. Nous sommes passés d’une situation de plein emploi à une récession économique sans précédent. La pandémie et le confinement frappent de plein fouet le domaine des communications.

Alors que les pros des communications ont pour objectif de contribuer au rayonnement, à l’acceptabilité et à la visibilité des organisations, les clients révisent leurs plans. Partout, on observe des commerces qui ferment et des entreprises qui réduisent leurs activités. Des festivals, des spectacles et des événements sont annulés ou reportés.

En agence de relations publiques, les demandes des clients s’adaptent au contexte de la COVID-19. « Toutes les agences vivent la situation différemment. Les mandats ont beaucoup changé. L’organisation d’événements a diminué, tandis que la gestion de crise et les relations de presse ont gagné en importance dans les dernières semaines. On découvre de nouvelles façons de travailler et de faire parler de nos clients », ajoute Guy Litalien, conseiller principal chez Zone Franche et chargé de cours en communication.

Se trouver un emploi pendant la récession

La cohorte 2020 et les étudiants en relations publiques font face à un défi immense : faire leur place dans un secteur où la demande pour du nouveau personnel est en baisse1. Cela nécessitera des sacrifices. Pour un temps, les juniors devront accepter de travailler moins, souvent à un salaire moindre qu’escompté. Ils devront aussi intégrer des équipes de travail en télétravail, ce qui ne facilite pas les contacts humains et la chaleur des échanges.

« Avec la crise du coronavirus, mon stage final en agence de relations publiques s’est terminé abruptement. La promesse d’embauche suite au stage ne tient plus, parce que les contrats donnés à l’agence sont moins importants et moins nombreux », a souligné Marie-Isabel Mercure-Marquez, une finissante du programme de relations publiques. Elle n’est pas la seule dans cette situation.

Devant la difficulté d’intégrer un marché du travail plus occupé à gérer une crise sanitaire qu’à accueillir de nouveaux visages, de nombreux diplômés décident de s’impliquer. Certains font du bénévolat ou travaillent auprès des populations vulnérables. D’autres améliorent leurs compétences en menant à bien des projets personnels. Quant aux étudiants et stagiaires qui ont conservé leur emploi en communication, ils ralentissent le rythme de travail. La crise ébranle encore davantage les jeunes relationnistes dans le secteur culturel : ces derniers doivent trouver des façons créatives de soutenir des artistes et des événements en grande difficulté.

Quel avenir pour l’industrie des relations publiques ?

Ne perdez pas espoir. La crise actuelle est susceptible de précipiter des changements à l’échelle planétaire. Voilà autant d’opportunités pour les nouveaux diplômés en relations publiques! Voici quelques prédictions :

  • L’industrie de l’événementiel et du spectacle est amenée à se renouveler. La popularité des spectacles en streaming sur des plateformes comme Twitch, Youtube et même dans des jeux vidéos en ligne explose2! Le développement de l’application Yoop par le Groupe KO (Louis Morissette) et enovLAB en témoigne. La nouvelle plateforme québécoise permettra aux artistes de monétiser leurs performances en ligne3. Qui de mieux que les jeunes pour faciliter ce virage numérique?
  • La transformation de notre économie mondiale vers une consommation locale stimulera le développement de nos entreprises québécoises4. Durant le rebond post-COVID, elles devront forcément intégrer les relations publiques dans leur croissance pour se faire connaître et faire vendre leurs produits et services.
  • La transition écologique poussera les gouvernements et les entreprises à adopter des mesures plus respectueuses de l’environnement et des communautés5. Les principes de la responsabilité sociale des entreprises, déjà bien implantés au Québec, s’imposeront encore davantage.

Actuellement, les perspectives d’emploi en relations publiques et en événementiel ne sont pas roses. Toutefois, je reste optimiste par rapport à notre avenir. La formation universitaire, la capacité d’adaptation et les réflexes technologiques des diplômés et des étudiants sont des outils qui nous permettront de nous démarquer. Les jeunes praticiens en communication ont toutes les compétences et les connaissances nécessaires pour participer à la construction d’une société post-COVID plus juste, plus égalitaire et plus solidaire.

Sources 

1Sims, M. P. (2020). Covid-19: What It Means For Agency Management. Dans PRovokemedia. Récupéré de https://www.provokemedia.com/latest/article/covid-19-what-it-means-for-agency-management

2Khalid, A. (2019). The future of live-streaming, for better or worse, depends on Twitch. Dans Quartz Daily Brief. Récupéré de https://qz.com/1747158/twitch-grows-as-non-gamer-live-streaming-expands-on-the-platform/

3Côté, E. (2020, 21 avril). Le public est-il prêt à payer pour le virtuel ? La Presse. Récupéré de https://www.lapresse.ca/arts/spectacles/202004/20/01-5270189-le-public-est-il-pret-a-payer-pour-le-virtuel-.php

4Leblanc, E. (2020, 6 mai). L’après-COVID-19 : « Il ne faut pas gaspiller cette crise ». Radio-Canada. Récupéré de https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1699783/coronavirus-crise-economie-delocalisation-agriculture

5Britneff, B. (2020, 12 mai). Coronavirus: Governments’ recovery plans should take ‘green route,’ study says. Global News. Récupéré de https://globalnews.ca/news/6905894/coronavirus-governments-recovery-green-route-study/

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